Le plus ancien fossile d’abeille a 100 millions d’années. La lignée de notre abeille noire, Apis mellifera mellifera, s’est distinguée il y a 1 million d’années.
Fortement ancrée dans l’histoire et le patrimoine régional de Bretagne, c’est une espèce parfaitement adaptée à son environnement. Disposant d’une morphologie idéale, elle est trapue et poilue, ce qui facilite le transport du pollen dans les intempéries et lui confère de remarquables aptitudes face aux météos capricieuses. Elle est résistante, frugale et économe : elle gère, mieux que tout autre, les ressources de sa ruche et la taille de sa colonie. Ainsi l’abeille noire demande peu d’intervention humaine et cette rusticité hors pair convient parfaitement à une apiculture durable.
L’abeille noire dispose ainsi d’un patrimoine génétique exceptionnel façonné par l’Evolution. Cependant, elle est aujourd’hui menacée de disparition. Les apiculteurs, dont les cheptels sont décimés par les pesticides et les maladies, importent en effet massivement depuis plusieurs décennies des reines issues d’autres sous-espèces et d’hybrides hyper-productifs. Venues des quatre coins du monde, ces abeilles se croisent avec les abeilles locales, provoquant une hybridation incontrôlable. Le patrimoine génétique de l’abeille noire, résistante et façonnée par des millénaires d’Evolution, se dilue ainsi de manière accélérée. Selon les scientifiques, cette pollinisatrice locale, venue du fonds des âges, pourrait avoir totalement disparu d’ici quelques années.
Impliquée dans la démarche conservatoire Abeille Noire Atlantique, pour sélectionner et reproduire ses colonies les plus intéressantes en termes de patrimoine génétique, LA MIELLERIE D’ALRÉ poursuit un programme de restauration de l’abeille noire de Bretagne. Allant au delà de la simple production de miel, c’est une démarche pointue, exigente, et salutaire pour la pérennité de l’espèce !
Il s’agit à la fois pour l’apiculteur de diriger les fécondations de ses reines au sein d’un espace Conservatoire préservé ; et de mener une apiculture durable qui assure santé et bien-être à ses abeilles : En respectant la dynamique naturelle de la colonie, en s’interdisant le nourrissement ou la stimulation pendant la saison de production du miel, en favorisant le stockage de miel réservé à la colonie dans la ruche et en ne prélevant que le surplus, en conduisant des ruchers exclusivement sédentaires à l’opposé des pratiques de transhumance.
Cerise sur le gâteau, cette démarche de préservation implique le retour à un caractère doux de l’abeille noire, reconnue plus farouche et plus combative dès lors qu’elle est métissée avec ses voisines hybrides. Dès lors que sa génétique est préservée, comme on l’observe au Rucher de l’Abeille Noire à Belle-Île-en-Mer, l’abeille noire retrouve une douceur remarquable !